

Amélie est franco-espagnole. Son père était français et sa mère est espagnole. Elle lui a toujours parlé de la France depuis qu’elle est petite. Ce pays la fait rêver. Alors elle a pris son courage à deux mains et elle est partie. A la recherche de ses origines et des souvenirs de sa mère et de son père décédé quand elle avait deux ans. Il y a quelques jours, sa mère lui a remis deux lettres que son père lui avait écrites lorsqu’il avait appris sa maladie. Il lui avait demandé de les lui donner pour ses 18 ans. Des lettres dans lesquelles il la guide à travers son Paris à lui, sa maison qu’il a quittée pour rejoindre sa mère. Amélie n’a lu que les premières lignes de la lettre. Mais déjà, elle sent les odeurs, et elle voit les couleurs de ce Paris vrombissant. Son père était auteur, il a toujours eu l’art de manier les mots. Il est mort d’un cancer. A sa mort, sa mère s’est effondrée. Amélie, elle, s’est réfugiée dans les livres de son père, espérant le connaître à travers ses mots, à travers ses pages. Un homme de papier. Voilà ce qu’il restait à Amélie. Mais aujourd’hui tout va changer. Amélie a 18 ans et il y a ces lettres. Ces lettres qui sauront redonner des couleurs et des odeurs à cet homme de papier. Retourner sur les traces de son père, Amélie en a toujours rêvé. Alors, quelques minutes après avoir enfilé son sac à dos, elle se retrouve dans l’immense gare de Paris. Petite espagnole perdue au milieu de la foule. Anxieuse, Amélie cherche la sortie de la gare pour trouver un bus.
A la gare tout va à 100 à l’heure. Les gens courent pour ne pas louper leur train. Amélie tente de se frayer un chemin à travers la foule. Soudain elle a un doute. Elle se demande ce qu’elle fait là dans cette immense ville qui va l’avaler. Alors qu’elle se perd dans ses pensées, elle sent un gros coup la percuter le long de son corps. Surprise, elle lâche son sac qui s’ouvre sur le sol. Toute son intimité se retrouve étalée sur le sol de la gare. En face d’elle, un garçon. Il doit avoir la vingtaine, brun, une petite barbe bien taillée, les cheveux en bataille et la chemise froissée. Il a mauvaise mine. Il la regarde d’un air désolé. Il serait plutôt mignon, s’il n’avait pas fait tomber toutes ses affaires par terre. Le jeune s’excuse et propose d’aider Amélie à ramasser ses affaires. Amélie refuse mais le jeune homme ne lui laisse pas le temps de parler et ramasse la photo de son père qu’elle garde toujours au fond de son sac. Le rouge aux joues, Amélie remercie le garçon et s’en va rapidement après avoir enfin aperçu la sortie.
Après être passée à l’hôtel déposer ses affaires, Amélie saute dans un bus. Une fois installée, elle prend enfin le temps pour ouvrir la première lettre que son père lui a laissée.
« Après être passée par l’école militaire et avoir longé les petites ruelles du 7ème arrondissement, tu arriveras sur le champ de Mars. Derrière les arbres se dresse la grande dame de fer. Impertinente et audacieuse, elle accueille tous les étrangers. C’est à ses pieds que j’ai embrassé ta mère pour la première fois ».
La tour Eiffel. Voilà donc la première destination d’Amélie. Le cœur bat fort dans sa poitrine. En même temps qu’elle lit les mots de son père, elle revoie tout. Les lieux et les couleurs, et ce premier baiser entre ses parents. Amélie saute du bus, descend à l’arrêt Champs-de-Mars. Elle se perd à travers les ruelles du 7ème et ses petits cafés bondés de parisiens qui mangent des croissants au soleil. Munie de son plan, Amélie traverse le Champ-de-Mars et arrive devant la tour Eiffel. Tout est comme elle l’avait imaginé. Un son d’accordéoniste lui parvient. La vie en rose. Cet air que son père lui chantait durant ses deux premières années. Elle ne pourra pas l’oublier. Elle se laisse guider par le son de la mélodie, contourne la tour Eiffel et arrive devant la Seine. De là, elle aperçoit le Trocadéro. Elle décide finalement de prendre un bateau mouche pour se laisser guider par les flots.
Découvre très prochainement la suite des aventures d’Amélie …
Texte : Camille Artaud
Illustration : Dulcinea (voltarte)
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